Le musée de la
Céramique de Digoin
Deux membres du comité de Sarreguemines-Passions se sont rendus à une invitation du président de l'association qui gère le musée de la Céramique de Digoin afin d'étudier une proposition de collaboration pour les recherches.
La surprise a été au rendez-vous. Ce musée ne montre certes pas beaucoup de pièces monumentales ou du tout début la société comme l'on peut en voir à profusion à Sarreguemines, mais il présente surtout ce qui manque dans les musées de la maison mère.
Petit rappel
Pour pallier le handicap que constituaient les droits de douane vers le marché français après l'annexion de l'Alsace-Moselle en 1771, le baron de Geiger décide de construire une succursale sur le sol français. Prévue dès 1876, cette succursale fut construite entre 1876 et 1877 à Digoin entre la route de Geugnon-Etang-Autun et le canal du Centre par Alexandre Félix de Jubécout. Cette usine permit aussi de recueillir les ouvriers de Sarreguemines qui avaient opté pour la nationalité française.Située idéalement à un carrefour de voies ferrées et de voies navigables, l'usine débutera sa production fin 1877. Son essor sera rapide et lors de la partition du groupe en deux sociétés, allemande et française, la valeur de l'usine s'élevait à 2.250.000 francs. A ses débuts la faïencerie fabriquait surtout des articles sanitaires et de toilette, des éviers, des égouttoirs et de la vaisselle courante. Il est à noter que déjà en 1878, à l'Exposition de Paris, Digoin était cité et remportait des médailles.
C'est également à Digoin qu'à la fin du 19e siècle sera créée la fameuse ligne de "grès du Revernay" très prisée de nombreux collectionneurs
En 1913, l'usine détachée de sa maison mère fabriquera toutes les gammes de céramiques y compris le fameux service Obernai. Des études récentes nous ont appris que des recherches sur la photo sur céramique étaient entreprises à Digoin avant 1905. En 1930, plusieurs écrits remarquent la qualité des décors au pochoir de Digoin qui semblent dépasser ceux de Sarreguemines. C'est également dès la fin du Second Conflit mondial que sera mis en place un centre de recherches et réactivé l'Atelier du Revernay.
On le voit, Digoin ne fut pas une "annexe" de Sarreguemines mais une usine rapidement émancipée avec ses productions propres et de qualité.
C'est ce que nous fait découvrir le Musée de la Céramique de Digoin. Les collections ne sont pas toutes en vitrines ce qui implique des visites guidées ou accompagnées. Ceci n'est pas un handicap, les bénévoles passionnés qui assurent ces visites peuvent répondre à toutes sortes de questions et vous feront découvrir les autres fabriques comme la faïencerie du hameau des Pys du XVIIIe siècle, la fabrique "Grès et pots de Digoin" et la moins connue, l'usine "Allia" ou encore les tuileries et les briqueteries de la région.
Si l'on sait que 80% des questions reçues sur notre site concernent des productions du 20e siècle, on ne peut que conseiller à tous la visite de ce musée. Les collectionneurs ou les particuliers qui ont reçu des réponses condescendantes de la part de professionnels qui trop souvent méprisent tout ce qui a été produit après 1920 trouveront là des réponses qui en plus leur seront fournies sans mépris et avec compétence. Ceux qui collectionnent les céramiques utilisées dans les cuisines ou dans l'hôtellerie seront surpris par les collections montrées dans les salles qui leurs sont destinées.
Pour conclure un musée à visiter pour compléter ses connaissances sur les groupes U&C ou S.D.V ou tout simplement pour y voir de belles choses dans une ambiance conviviale complétée par une compétence sans faille.
On y trouvera bien sur des pièces rares de grande qualité comme à Sarreguemines, pour preuve ce pœle exceptionnel qui, sur ces décors, commémore l'escale de la flotte russe à Toulon en 1893 lors des festivités des célèbrations de l'entente Franco-Russe.
Pour tous renseignements, horaires, tarifs et autres questions voir leur site récemment remodelé avec goût et efficacité.
Pour accéder directement au site du Musée de la Céramique de Digoin cliquer ICI
Henri Gauvin